La difficulté de gérer la création graphique d’un site e-commerce : le client (1) (06 novembre 2010)

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S'il y a bien une étape délicate à gérer dans la réalisation d'un site e-commerce, c'est la phase de création graphique.
En effet, elle confronte 2 entités (l’entreprise cliente et le prestataire) sur un sujet où la différence de connaissances et de compétences est souvent… comment dire… la seule métaphore qui me vient à l’esprit est « 2 mondes parallèles » :-)

C'est donc à ce stade du projet que les ennuis commencent les vraies difficultés apparaissent. Ces difficultés peuvent être de plusieurs ordres :

  • le planning de production prend une claque,
  • on se retrouve avec un résultat graphique décevant,
  • les relations se sont "tendues"

Parfois, on se retrouve avec tout en même temps…

Suite à ce constat, je me suis posé des questions sur les responsabilités du client et de l'agence :

  • Pourquoi est-ce que (en général) les clients ne savent pas gérer la phase de création graphique de leur site ?
  • Pourquoi les clients ont (en général) une facheuse tendance à dégrader la création qu’on leur propose plutôt que de l’améliorer ?
  • Pourquoi certaine agences web sont tout simplement mauvaises en webdesign ?

Le but de l’article n’est pas de pointer du doigt une quelconque responsabilité des différents acteurs d’un projet web, mais plutôt de comprendre les pièges qui se présentent. Attention, il y a du second degré, ou des traits un peu forcés. A prendre avec humour donc.

La  « sensibilité artistique », ou comment entamer un dialogue de sourd entre le client et le webdesigner

D’un côté, le graphiste connaît les règles de complémentarité des couleurs, la théorie de la Gestallt (tous les webdesigners qui lisent cet article connaissent cette théorie phare en ergonomie et en conception d’interface bien sûr….), les règles typographiques, les tendances actuelles du webdesign, les bonnes pratiques, etc… C’est un professionnel, et il faut avoir confiance en son jugement (en théorie… la réalité est parfois décevante quand on croit travailler avec un pro et qu’on se retrouve avec un amateur, mais bon... passons).

De l’autre côté, le client, lui, n’y connaît généralement pas grand chose. Sa vision du webdesign se limite à ce qu’on fait les entreprises concurrentes sur leur propre site et aux quelques sites qu’il utilise dans son quotidien pro et perso.

Le client trouve que le logo « façon Clipart » de sa carte de visite est pas mal, et ne tarit pas d’éloge sur sa plaquette institutionnelle réalisée par l’imprimeur du coin pour 350 euros. Il sait déjà qu’il veut son logo en gros sur la page d’accueil, que ses produits soient bien visibles, et que la création doit être originale, voire extraordinaire, pour se démarquer.

Bon OK… j’exagère, ceux là sont rares. C’est juste pour illuster le fait qu’il y a par nature un décalage de sensibilité artistique entre le client et le prestataire, et que mettre d’accord ces 2 là sur un exercice de création, c’est loin d’être gagné d’avance….

Par contre, il y a un point sur lequel le client est réellement imbattable, et doit être écouté : il connait mieux que personne ses clients, qui sont aussi les futurs utilisateurs de son site.

 

Du pragmatisme à la perte de repères

boussole.jpgCe décalage de jugement artistique ne se voit pas tout de suite, car avant de parler création, on parle de fonctionnalités, de planning, de contenu, de gestion des leads, d’argent. Des sujets concrets que le client maitrise.

Mais devant une piste créative, le comportement du client, qui jusqu’ici était emprunt d’un pragmatisme sans borne sur l’efficacité et la rentabilité de son futur site e-commerce, plonge dans une sorte d’amnésie profonde, et perd de vue les objectifs assignés à la création de son site, au profit d’un jugement purement subjectif ou ses propres goûts prennent le dessus.

A partir de là, les débriefs du client sont vagues « j’aimerai un truc plus comme ci, ou plus comme ça ». Il navigue au "j'aime / j'aime pas".

En réalité, il ne sait pas ce qu’il lui faut, il cherche le déclic… qui ne vient jamais.

 

La peur de la décision

yes-no.jpgJ’ai aussi l’impression qu’il y a une peur de la décision. Jusque là, on parlait facilement de grands principes, d’intentions, et tout d’un coup, le design du site apparaît pour de vrai. Il va falloir se jetter à l’eau, et prendre une décision. Il faut dire oui, ou non. C’est pourtant simple, mais non… car les questions existentielles arrivent :

Dans le doute, on retarde l’échéance de la décision en essayant de voir s’il n’y a pas mieux à faire, on peaufine les détails, et il y a toujours des détails à peaufiner…

 

Le client créatif refoulé

Salvador_Dali.jpgCeux là, ce sont les pires. A la vue de leur site, ils sentent soudainement l’inspiration monter et souhaitent expérimenter plusieurs approches graphiques. Ils ont sous la main une personne qui va leur permet de réaliser leur fantasme par procuration, celui de pouvoir dire « Ca vous plait ? C’est moi qui l’ai fait ». Alors il s’en donne à cœur joie :

Pour leur faire admettre qu’ils sont en train de massacrer la création, il faut prendre son courage en main, et être prêt à aller au clash.

 

Conclusion : besoin d'un intermédiaire ?

Au final, je me demande pourquoi on demande son avis au client pour valider une création graphique alors que c'est parfois la dernière personne à laquelle il faudrait s'adresser...

J'en viens à me faire la réflexion que pour bien gérer la phase de création d'un site et tirer le résultat vers le haut, il faudrait une personne entre le client et l'agence :

Cette personne peut-elle être dans l'entreprise ? Je ne pense pas. Je pense que c'est le rôle d'un intervenant indépendant ;-)

 

Prochain article : nous irons voir comment ca se passe du côté de l'agence web.

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